L’Effet de Serge

Dans son appartement, au milieu d’une ribambelle d’objets usuels — télévision, table de ping-pong, livres, bouteilles —, un personnage nommé Serge présente, chaque dimanche, à ses amis, des performances qui n’excèdent jamais trois minutes. À partir d’effets spéciaux, produits avec les moyens du bord, petits jouets téléguidés, feux de Bengale, lasers, phares qui clignotent dans la nuit, Serge anime alors un monde de bric et de broc où le presque rien devient une stupéfiante féérie.

Avec ce spectacle, écrit pour le comédien Gaëtan Vourc’h, Philippe Quesne poursuit son projet de « théâtre laboratoire » qui mêle arts plastiques, musiques, performances et expérimentations. Comme dans chacun de ses projets, le metteur en scène interroge, avec une ironie jubilatoire, les conventions du théâtre : ici, la forme du solo est questionnée par une subtile mise en abîme de la représentation et de ses spectateurs.  Mais, Quesne se sert surtout de ce théâtre critique pour observer, sans cynisme, l’être humain, son besoin infini des autres et sa créativité, à la fois si modeste et bouleversante, lorsqu’elle transforme la vacuité du quotidien en un univers poétique et flamboyant.